Comment fonctionne un site internet ?
Pour bien comprendre notre démarche d'éco-conception, il faut commencer par comprendre comment fonctionne un site internet. Or, qu'est-ce qu'un site web ? Il s'agit d'une application de type client-serveur délivrée à travers le réseau éponyme : internet. Vous n'avez rien compris ? Pas de panique, on va tout vous expliquer.
Un site internet ce n'est pas de la magie, c'est en fait un ensemble de logiciels qui communiquent entre eux à travers un réseau informatique.
Le premier de ces logiciels est votre navigateur internet (Firefox, Chrome, Safari…) qui est installé sur votre terminal (smartphone, ordinateur…), et que l'on appelle le « client ». Lorsque vous tapez l'adresse d'un site internet dans la barre de votre navigateur, celui-ci va alors aller interroger un autre ordinateur, appellé « serveur », afin qu'il lui fournisse le contenu à afficher. Sur ce serveur, fonctionne un deuxième logiciel qui passe le plus clair de son temps à attendre qu'un client l'appelle. Lorsqu'il reçoit une commande d'un client, il lui répond en lui fournissant le contenu demandé (c'est-à-dire, le site web que vous cherchez à visiter).
Avant de s'afficher sur votre écran, le contenu du site web va néanmoins devoir traverser une foule d'équipements informatiques reliés entre-eux, par des câbles ou des liaisons sans-fils, qui constituent ce qu'on appelle « internet ». Il s'agit d'une infrastructure très complexe, déployée sur l'ensemble de la planète et même dans l'espace, qui permet à des milliards de terminaux électroniques de communiquer entre eux.
Quel est l'empreinte environnementale d'un site internet ?
Lorsqu'on parle d'empreinte environnementale, la plupart des gens pensent directement au changement climatique. Or, si le changement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre est bien une des conséquences de nos activités numériques, elle est loin d'être la seule.
En réalité, il existe toute une liste d'indicateurs environnementaux à considérer, notamment : l’épuisement des ressources, la contribution à la dégradation de la couche d’ozone stratosphérique, la pollution de l’eau, de l’air, des sols, l’érosion de la biodiversité, l'utilisation de l'eau douce… L'ensemble de ces indicateurs se confrontent aux neuf limites planétaires.
Quantifier précisément l'impact de chacune des trois composantes d'un site internet (client, serveur et réseau), sur chacun de ces indicateurs, est un travail titanesque, auquel s'emploient de nombreux chercheurs. En l'état actuel de nos connaissances scientifiques (janvier 2025), il semblerait que la majorité des impacts soient liés aux processus de fabrication des équipements informatiques, plutôt qu'à leurs utilisations.
De plus, les terminaux (les clients) paraissent avoir le plus d'impact, suivis par les centres de données (les serveurs). Enfin, les réseaux (internet) semblent n'avoir qu'un impact marginal. Toutefois, l'étude sur l'impact des réseaux ne prenant pas en compte les réseaux par satellite, en très fort développement ces dernières années, il est probable que celui-ci soit sous-évalué.
Comment réduire ces impacts ?
En considérant que la fabrication des équipements (pour les utilisateurs et pour les centres de données) constitue la principale source d'impacts environnementaux, la priorité de l'éco-conception est donc de favoriser l'allongement de la durée de vie des équipements existants.
Des enquêtes ont montré que, en France, les ordinateurs des particuliers sont renouvellés en moyenne tous les quatre ans et demi, principalement à cause de problèmes de lenteur. Or les problèmes de lenteurs ne sont pas intrinsèques au matériel, il s'agit plutôt d'un ressenti des utilisateurs lors de l'utilisation des logiciels fonctionnant sur ces terminaux. Des applications clientes moins gourmandes en ressources devraient permettre aux utilisateurs de renouveler leurs équipements moins fréquemment.
Si les chiffres concernant les centres de données ne sont pas disponibles, on peut toutefois tenir un raisonnement similaire : plus les applications serveur consomment de ressources, plus les hébergeurs doivent investir régulièrement dans de nouveaux équipements matériels.
Les principaux modèles d'éco-conception logicielle, comme le GREENSOFT Model, ou encore le Référentiel général d'écoconception de services numériques reflètent globalement cette idée, en cherchant à minimiser les resources requises à chaque étape de la conception d'un logiciel.
Et en pratique ?
Chaque phrase du cycle de vie de notre site internet a été pensée en terme d'éco-conception. Mais pour nous, une éco-conception bien réalisée doit être synonyme de hautes performances, d'une fiabilité sans failles et d'une ergonomie de haut niveau.
Ainsi, dès la phase d'analyse, nous avons méthodiquement choisi chacune de technologies que nous allions employer, non seulement afin qu'elle réponde à nos besoins, mais aussi en comparant méthodiquement les performances ainsi que la consommation électrique face aux autres solutions, en vérifiant que ces technologies étaient sous licences libres et largement adoptés par la communauté, afin d'optimiser la pérennité de ces technologies à long terme.
Nous nous sommes également fixés un objectif ambitieux en terme d'accessibilité et d'interopérabilité : le site doit pouvoir fonctionner entièrement sans JavaScript, tout en proposant une expérience enrichie lorsque celui-ci est disponible. Cela apporte en effet plusieurs avantages : les utilisateurs de navigateurs anciens ou minimalistes (comme elinks) ne sont pas pénalisés par l'absence de JavaScript, ce qui favorise l'allongement de la durée de vie des terminaux. D'autre part, cela facilite l'indexation par les moteurs de recherches et permet un meilleur référencement, sans pour autant nécessiter la mise en œuvre de techniques énergétiquement couteuses comme le SSR (Rendu du Javascript côté serveur).
En parallèle, lorsque le JavaScript est activé, l'utilisateur bénéficie non seulement d'une expérience enrichie, mais également d'une économie de ressources, puisque seule les données requises par la portion de page à afficher sont alors affichées. Cela réduit significativement la quantité de données transférées, car les styles, les scripts et les autres en-têtes ne sont pas re-transférées.
Lors du développement, nous avons mis au point des techniques économes en ressources. Par exemple, nous utilisons un bundler afin de compacter et de minifier les scripts et les feuilles de styles lors du déploiement en production. Mais alors que la plupart des développeurs utilisent aussi ces bundler qui inspectent continuellement les fichiers et relancent une compilation à chaque changement, nous utilisons de simples conventions de nommages conjuguées à des techniques d'import pour éviter l'utilisation de ces outils gourmands en resources.
Nous avons également choisi d'utiliser des technologies économes telles que le langage Rust, dont une étude a monté qu'il était un des langages les plus économes en énergie et en ressources matérielles.
En effet, comme nous l'avons vu au début de cet article, un site internet est composé de trois élements : le client, le réseau et le serveur. Or, là où la plupart des sites éco-conçus optimisent bel et bien les ressources client et réseau, l'immense majorité s'appuient sur des composants logiciels serveur écrits en PHP (un autre langage de programmation) et notamment sur des CMS (Système de gestion de contenu) tels que WordPress. Or, d'après nous, il est impossible d'obtenir un résultat qui soit réellement éco-conçu en utilisant de telles technologies. D'une part, car PHP est un langage énergivore et gourmand en ressources, et d'autre part, l'utilisation d'un CMS comme WordPress constitue un gaspillage de resources puisque ces outils fournissent une myriade de fonctionnalités, dont en pratique, seules quelques-unes sont utilisées.
Notre site internet a ensuite été déployé dans un centre de données situé en France, à Paris, utilisant un refroidissement « adiabatique », c'est-à-dire par évaporation d'eau. Cette technique ne nécessite par de consommation d'énergie, contrairement aux systèmes de refroidissement traditionnels (les climatiseurs) et permet d'obtenir un PUE de l'ordre de 1,15, ce qui est un des meilleurs scores obtenus par un centre de données.
Enfin, à l'utilisation, notre site internet n'émet pas de cookie autre que ceux strictement requis pour la sécurité, ce qui allège les pages et améliore l'expérience utilisateur puisque cela nous dispense d'afficher une bannière de consentement. Les images sont toutes éco-conçues avec des palettes de couleurs réduites et elles utilisent le format WebP, un format d'image nouvelle génération sans perte et très performant. La transmission du site web à travers le réseau utilise le protocole HTTP/2, le poids des pages est réduit au minimum et les scripts ainsi que les feuilles de styles sont minifiées. Tout cela limite fortement le traffic réseau ainsi que la charge induite pour les visiteurs, tout en assurant une expérience fluide même sur des terminaux peu performants.
La maintenance du site est, elle aussi, éco-gérée grâce à l'utilisation de sauvegardes stockées à froid (c'est-à-dire sans consommation électrique), et de divers logiciels de maintenance eux-mêmes éco-conçus, voir notre article à ce sujet.
Le résultat
Le résultat est un site internet vraiment éco-conçu. Et il ne suffit pas de nous croire sur parole, vérifiez par vous-même : nous obtenons la note maximale sur EcoIndex.fr et un excellent score sur PageSpeed Insights.
Intéressé par notre démarche ?
Une éco-conception parfaitement réalisée s'appuie sur une démarche globale, qui ne se limite pas au développement, mais qui doit être pensée dès l'expression de vos besoins, jusqu'à la fin de la vie de l'application. Seul un professionnel qualifié peut être capable de mener à bien l'éco-conception d'un service numérique.
Vous êtes sensible à notre approche et souhaitez éco-concevoir votre site internet ou votre application métier ? Contactez-nous pour obtenir un devis.